22 août 2008

Contretemps et intermèdes

Dernier bord aux Açores
Dimanche 27 août, nous quittons Angra de Heroismo sur Terceira, qui fut pour nous, une des plus belles escales des Açores. Nous nous trouvons alors à 1187 milles du port du Crouësty en Bretagne.
Lionel et Delphine sur Contretemps quittent les Açores en même temps que nous pour Concarneau et nous longeons la côte est de l’île bord à bord pour une séance photos. Ils sont équipés d’une radio BLU émettrice et nous sommes invités à nous joindre à leurs vacations radio pour un point météo quotidien.
Ils passent vite devant nous et nous les perdons de vue au bout de 24 heures.


Du portant et pourtant...
Nous avons choisi de partir avec une petite dépression progressant au nord de notre route, ce qui nous permet de profiter d’un vent de sud-ouest. Nous naviguons donc avec un vent portant (dans le dos).
Le premier jour est calme et nous croisons quelques tortues nageant en surface.
Le deuxième jour, le vent forcit et nous passons une nuit agitée et humide. Le crachin breton est décidément bien loin de chez lui ! Les vagues grossissent et s’invitent dans le cockpit. Nous veillons depuis la cabine en sortant le nez dehors régulièrement. Nous avançons avec une grand voile réduite de deux ris, le génois est roulé entièrement et malgré tout, les embardées dans la houle sont violentes.
Patrick le navik (notre régulateur d’allure, celui qui tient la barre pour nous à plein temps) nous épate par ses performances dans cette allure inconfortable. Lui qui n’est toujours pas très précis dans le petit temps, nous apporte un grand secours.
Une nouvelle dépression nous secoue pendant 24 heures : le vent est annoncé force 5, la mer est forte et le brouillard nous rend la veille difficile. Cette fois, nos prenons trois ris dans la grand voile et gardons un petit morceau de génois.
Une baleine nous montre sa tête et son dos entre les vagues à quelques dizaines de mètres du bateau. Enfin, nous avons déniché le cétacé qui jouait à cache-cache aux Açores.
Le vent faiblit mais la mer reste agitée.

Hésitations et décision
Le cinquième jour, la météo est pessimiste et annonce force 6 sur notre zone. Nous restons très attentifs aux bulletins : en temps universel, RFI à 11 h 30, France Inter à 18 h 05 et Contretemps à 18 h 10. Le septième jour, Lionel nous annonce une nouvelle dépression se dirigeant sur nous, à surveiller. RFI le lendemain nous donne confirmation des vents forts soufflant à l’ouest.
Nous sommes à 4 jours de la Bretagne et nous redoutons de nouveaux coups de vents sur cette dernière partie du parcours. Ainsi, nous choisissons le repli sur la Corogne qui n’est qu’à 168 milles, mais nous déroute.

Moteur malheur !
Le vent nous permet de nous diriger facilement sur le Cap Finistère et le temps s’améliore, le moral remonte. Dans la nuit, le vent faiblit, les voiles flottent. Le vent mollit, les voiles battent. Le vent tombe, les voiles sont affalées et nous allumons le moteur dans la nuit.
Le lendemain matin, le vent n’est toujours pas revenu, nous poursuivons au moteur et croisons les rails des cargos. Nous avons en vue jusqu’à 6 monstres à moteur de 100 à 300 mètres de long.
Une baleine nous montre son dos et sa queue, et souffle en plein milieu des deux rails sur une mer d’huile.
Nous devons refaire le plein du moteur au niveau du rail montant, car le vent n’est toujours pas revenu à midi et à 40 milles de la Corogne.

La Corogne et la boucle est bouclée
Nous entrons à la marina dans la nuit. Le gardien nous parle naturellement en espagnol et nous voici dépaysés. Il nous aide à placer le bateau et nous prenons une douche chaude et nocturne bien méritée après ces 23 heures de moteur et 9 jours de mer.
Le lendemain, nous profitons de la ville et le soir, nous écoutons un concert celte avec accordéon et cornemuse.
Nous sommes heureux de retrouver cette belle escale, où notre voyage a commencé en septembre dernier. C’est ici que nous avions fait connaissance avec Stéphane et Blandine de la Belle Verte, qui poursuivent actuellement leur périple.
La météo est bonne pour repartir et nous reprenons la mer après une deuxième nuit au port.




Le Golfe pour dernière ligne droite
Nous voici repartis après deux petites nuits au port. Le vent reste calme pour s’éloigner de la côte. Comme la météo l’annonçait, le vent monte le lendemain matin après une nuit à éviter les pêcheurs. Au vent arrière, le génois est déventé et nous affalons la grand voile. Tirés par cette voile d’avant, nous sommes à nouveau bien secoués pendant 24 heures. Le troisième jour, le vent faiblit, les voiles sont relancées et à 20 miles de Belle-Ile, nous allumons le moteur. Nous téléphonons à la famille et aux amis dès que le réseau est capté pour leur annoncer notre retour au pays.


Passée la pointe des Poulains, le vent revient et nous remettons les voiles. Là, c’est la surprise, nous ne sommes plus les seuls sur l’eau. Lorsque nous passons le phare de la Teignouse, pour entrer dans la baie de Quiberon en ce beau samedi du mois d’août, les eaux sont cette fois saturées d’engins naviguant. C’est en zig-zaguant pour respecter les règles de priorité que nous arrivons au port du Crouesty. Visiblement, tous ces bateaux n’étaient pas réunis pour nous accueillir. Nous avons cependant la chance de retrouver les parents d’Yves sur le ponton.
Heureux d’être rentrés, nous voyons ensuite passer la nouvelle dépression avec un force 6 deux jours plus tard. Décidément, cet été, pour naviguer, il fallait se faufiler entre les « dép’ ».

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