26 juillet 2008

Escales Atlantiques aux Açores

De retour d’Afrique, d’Amérique ou des Antilles, tous les voiliers se retrouvent aux Açores, ces îles volcaniques et verdoyantes qui font partie du Portugal et qui ont l’avantage de réduire les distances dans toute traversée Atlantique.
Nous avons la chance de disposer de suffisamment de temps pour découvrir ces îles vertes au milieu du bleu. D’est en ouest, nous visitons Santa Maria, Sao Miguel, Terceira, Sao Jorge, Faial et Pico.

Santa Maria, un steak et ça ira !
Au réveil, le lendemain de notre arrivée, nous apprécions le luxe du ponton : le bateau est amarré, nous sortons de notre petit espace pour circuler librement et nous commençons par une douche (froide...) et un bon steak-frites.
La marina se trouve au pied du village de Vila do Porto et les 100 mètres à gravir nous donnent tout de suite des courbatures, de quoi se rappeler de nos 18 jours à végéter entre cabine et cockpit.
Nous souhaitons voir la verdure de plus près et tendons le pouce au bord de la route. Bien pratique ce jour là de tomber sur des navigateurs anglo-saxons qui ont loué une voiture pour faire le tour de l’île. Leur itinéraire nous convient parfaitement et nous nous laissons conduire sur les routes de l’île toute la journée avec eux.
Nous passons d’une baie à l’autre en sillonnant la campagne sur des routes bordées d’hortensias. Yves retrouve sa Normandie et Julie sa Haute-Marne, à la différence près, que nous nous trouvons au milieu de l’océan.



Le contraste est grand avec l’Afrique aride et retrouver la verdure nous enchante. Les averses nous étonnent, mais la pluie, c’est finalement désagréable...

Ici, les vaches mangent encore de l’herbe dans d’immenses prairies, le beurre des Açores est excellent. Habituellement, nous ne sommes pas des mangeurs de viande, nous voilà transformés en carnassiers en arrivant dans cette région d’élevage.

Nous assistons aux fêtes de San Joao, où les habitants et leurs animaux se regroupent à Vila de Porto pour défiler en vêtements traditionnels. Tous les métiers sont représentés y compris la chasse à la baleine. C’est l’occasion de plusieurs soirées avec danses et musique folklorique.


Avant de quitter Santa Maria, nous laissons un souvenir de notre traversée sur le mur de la jetée : Dakar-Santa Maria, Christal II, Flush Poker, juin 2008, Yves et Julie.



Sao Miguel, navigation à vue



Après une rapide journée de navigation, à plus de 5 nœuds de moyenne, ce qui nous change de la pétole, nous faisons escale à Ponta Delgada sur l’île de Sao Miguel, capitale administrative des Açores.
La marina ne nous plaît pas vraiment, la houle fait valser les pontons et nous dormons au rythme du grincement des aussières et taquets. Encore 10 milles et nous voici dans le joli port de Vila Franca do Campo, au calme.
Nous visitons l’île en bus et en stop et découvrons les paysages sculptés par les volcans qui ont laissé leurs traces partout comme ce cratère transformé en lac.
En redescendant, après une petite randonnée sur le bord du cratère, nous retrouvons nos habitudes thermales des pays Alpins et nous nous rendons à Feraria, pour un bain d’eau de mer chauffé par géothermie naturelle. Les vagues entrent dans la piscine rocheuse, l’eau se réchauffe en surface et les baigneurs ont le sourire.


A Furnas, les fumeroles empestent le soufre et servent occasionnellement à cuire des repas pour touristes auxquels nous ne goûtons pas. Nous profitons par contre d’une journée pluvieuse pour retourner à Furnas, sur les conseils d’Erwan et Adeline de Morlaix, et y trouver les thermes d’eau ferrugineuse dans le magnifique jardin botanique de Terra Nostra. Nous nous laissons mijoter dans ce bassin d’eau ocre à 38 °C pendant une bonne heure et ressortons bien mous.
Erwan et Adeline se sont installés à Vila Franca, ils vivent à la marina sur leur voilier en bois (plan Cornut des années 50). Ils travaillent dans le tourisme de la baleine, car ici aux Açores, la chasse à la baleine s’est arrêtée en 1983 pour laisser la place au « whale watching ». Pour 50 euros la place, on vous embarque sur un zodiac de 300 chevaux, et avec de la chance, vous approcherez l’un de ces nombreux cétacés. Nous n’avons vu jusque là que des dauphins et espérons bien croiser au moins un cachalot lors de nos navigations aux Açores.
Ici aussi, on retrouve les plaisirs gustatifs et découvrons les bananes et les ananas délicieux cultivés sur cette île au climat à la fois tempéré et tropical.
La baignade est agréable les jours de beau temps, avec une eau à 22 °C, des plages de sable noir. Yves ramène quelques perroquets en chasse sous-marine, et nous trouvons notre bonheur sous-marin autour de l’îlet volcanique, Ilhéu da Vila parfait pour la plongée : baracoudas, perroquets énormes et reliefs sympathiques.


Terceira c’est pas Horta
Après les îles de l’est, nous reprenons la mer pour l’île de Faial et son port mythique, Horta. A mi-chemin, avec un vent faible, nous changeons d’objectif pour l’île de Terceira, avant que les vents ne tournent en notre défaveur.
Nous voici à Angra de Heroismo, ville classée au patrimoine de l’Unesco, avec ses nombreuses églises, ses rues pavées et ses théâtres de l’esprit saint (cf photo).
Nous allons nous dégourdir les jambes, pour reprendre l’entraînement en vue de l’ascension du Pico, qui culmine à 2351 mètres et se trouve être le plus haut sommet du Portugal. Après la visite de la grotte volcanique de Natal, grosse galerie de lave, nous voilà donc partis en randonnée sur les Misterios Negros : prairies, forêts d’arbustes et de fougères, vallons et nous avons dans ces paysages toutes les nuances de vert.



Les « montanheiros » de l’île s’occupe du balisage des sentiers, de spéléologie et nous signalent quelques falaises équipées par leurs soins sur l’île. La falaise basaltique en bord de mer est effectivement un beau site d’escalade, les voies sont courtes mais assez difficiles pour nos bras... courbatures fatales le lendemain.



Enchantés par nos découvertes, nous louons un scooter pour prolonger l’exploration. Infatigables touristes, nous attaquons notre journée marathon par une baignade bien fraîche, un petit tour sur l’île sur routes pavées et chemins de terre. Nous poursuivons par la descente dans la grotte d’Algar de Carvao, où des escaliers nous conduisent 120 mètres sous terre dans un tube de 45 mètres de large avec des stalactites de silice.


Nous terminons la journée par une tourada corda. Explication : prenez une rue bien droite, fermez les jardins par des palissades solides, garez les buvettes à l’entrée de la rue et placez-vous sur un muret le plus haut possible. Les habitants sont accueillants et vous ouvriront leur porte pour vous offrir l’abri. La fête peut commencer : on encorde le taureau encore enfermé, le pétard annonce le début du round et la bête est lâchée. Le but du jeu pour ceux pour les vaillants guerriers qui sont restés dans la rue, est de toucher le taureau entre les cornes.
Cette fête ne se termine pas sans heurt évidemment. Ce jour là, deux ambulances sont venues participer entre le troisième et le quatrième round.



Sao Jorge, l’île paquebot
50 miles plus loin, au portant sous spi, nous n’avons toujours pas vu de baleine, mais nous trouvons une marina toute récente à Vila das Velas. L’accueil du capitaine José est très sympathique. Nous avons également l’agréable visiste d’Anibal et Maria, Açoriens d’Horta qui naviguent sur un petit bateau également. Nous terminons la soirée à leur bord : fromage, crevettes, jambon et vins locaux.
Le lendemain, Anibal nous propose une petite balade à pied. Le temps pour nous de nous préparer, et il a déjà trouvé une voiture qu’il emprunte à un copain. Visite de la fromagerie puis petit parcours dans cette île aux dimensions impressionnantes (50 km de long sur 7 km de large), aux flans bien abruptes (1000 mètres de haut), et dont la pointe ouest de l’île ressemble à la proue d’un navire. Le lendemain, entre les rochers de laves, nous profitons de l’eau claire pour une exploration des fonds et Yves sort de l’eau avec un joli perroquet que nous mangeons à midi.
L’escale est agréable, mais le temps passe et nous mettons le cap sur Horta que nous apercevons déjà.

Horta, tous les voiliers sont là !
20 miles plus loin, Christal retrouve les pontons d’Horta sur l’île de Faial qu’il a connu en 2005. C’est dans ce port mythique qu’atterrissent tous ceux qui viennent de l’autre côté de l’océan (Antilles, Amérique).
Les touristes économes que nous sommes reprennent leur visite en stop. A l’extrémité ouest de l’île, nous trouvons un ancien port transformé en piscine et nous voilà sous l’eau avec masques et tubas, on replonge !
A côté de nous, le volcan de capelhinos, avec son éruption récente, forme un paysage minéral nous rappelant les volcans des Canaries.
Sur cette partie de l’île, beaucoup de maisons détruites par le dernier tremblement de terre n’ont pas été reconstruites.
Avides d’expériences sub-aquatiques, nous nous offrons le luxe d’une plongée bouteille. A huit plongeurs derrière Hector, nous n’effrayons pas tous les poissons et pouvons voir une vieille langouste énorme dans son trou, une muraine, des baracoudas et des mérous.
En face du port, le Pico continue de nous appeler et nous prenons le ferry au petit matin pour nous rendre sur l’île du même nom.

Pico, c’est monstre haut !
Adeptes du stop, nous nous rendons au pied du sentier en deux coups de camionnette. Un blockhaus a été construit pour accueillir le randonneur : c’est ici que nous signons la décharge et donnons nos coordonnées, au cas où...
L’administration portugaise nous étonne encore un peu. Déjà pénible pour les entrées dans chaque port, où nous avons dû nous présenter dans les trois bureaux de frontière, douane et police portuaire, ici en montagne, c’est la même surveillance.
Nous marchons 2 heures 30 avant d’atteindre le sommet. La mer de nuages se perce par endroit et nous pouvons apercevoir Faial, Sao Jorge et la côte de Pico. Le cratère est surplombé par le Pico Pequenio qui est la partie la plus raide de l’ascension. Pique-nique au sommet, sans vent et les fesses chauffées par les fumeroles.

L’ascension du Pico : un sommet au milieu de l’océan et une dernière promenade aux Açores pour nous qui sommes maintenant dans l’attente d’une fenêtre météo pour notre retour en France.