13 avril 2008

La vie africaine

Au revoir Tarrafal pour le Sénégal...



Nous quittons Tarrafal et le Cap Vert le cœur gros. Heureusement, la météo est favorable avec un vent de travers pour une route qui s’envisage habituellement au près. Deux jours de pétole nous permettent d’apprécier le charme de la navigation hauturière, nous trouvons que la vie à bord encore plus calme que certains jours dans les mouillages capverdiens.
Nous savourons un beau poisson inconnu, dont voici sa photo, si quelqu’un peut nous aider à l’identifier...
Nous nous retrouvons à plusieurs reprises accompagnés par des bancs de dauphins, un véritable festival avec sauts et danses improvisées.






Bonjour Dakar !

Nous arrivons à Dakar par un vent plus fort, avec une entrée au près musclée dans la baie, à tirer des bords entre l’île de Gorée et les cargos. Finalement, mal réveillés, on se décourage et on allume le moteur pour les trois derniers miles. Nous arrivons à Hann plage pour mouiller devant le CVD (cercle de voile de Dakar). Accueil chaleureux, la navette pilotée par Elaj’ nous mène à terre et après une bonne douche, nous dégustons le tiboudienne et le mafé avec nos amis navigateurs Olivier et Erwan qui sont aussi arrivés de Tarrafal une semaine avant nous. Une bonne gazelle, bière locale nous envoie rapidement à la sieste !




Nous apprenons la patience...

C’est très vite le désenchantement, il y a un rythme à prendre que nous ne connaissions pas.
Pour commencer, les formalités administratives d’entrée sont compliquées, nous passons dans trois bureaux différents et sommes pénalisés par les jours fériés : naissance du prophète, Pâques, les musulmans et les chrétiens ne nous facilitent pas la tâche !

Passons sur les détails techniques de la pose d’un régulateur d’allure (navik), soit un pilote automatique mécanique, qui fonctionne grâce à la force de l’air et de l’eau. Cet appareil a été totalement remasterisé à la mode africaine. Effectivement, l’engin, emballé comme un neuf avait déjà cédé quelques pièces à des navigateurs nous ayant précédé. Le soudeur qui nous vendait ce rossignol, a donc dû fabriquer lui-même les pièces manquantes, ce qui a nécessité plusieurs jours de travail... au rythme africain évidemment ! Car le travail est toujours effectué pour le lendemain. Nous sommes naïfs et nous revenons bien sûr le lendemain. Hélas ! C’est encore « demain toubab » ! Encore quelques efforts pour Yves qui confectionne des fixations dans le minuscule coffre arrière.

En attendant papiers et régul’, nous supportons mal la pollution : la mer reçoit les égouts, les odeurs du débarcadère nous donnent la nausée, la circulation est dense et chaque jour Dakar devient un énorme embouteillage.



L’harmattan vient lui aussi s’ajouter au tableau, il est présent tout le temps (désolés pour les photos brumeuses pourtant prises par beau temps), mais se montre parfois plus intense. Il suffit de deux jours d’une poussière épaisse pour recouvrir d’un beau sable rouge les parties au vent du bateau : pont, haubans, drisses, panneau solaire.

Prenons du bon temps ...
Dakar est une bonne escale pour l’avitaillement : marchés bien fournis, supermarchés avec des produits européens, car il y a certains produits dont nous ne savons pas encore nous passer, en particulier le chocolat...
Nous apprenons les secrets du commerce sénégalais avec en particulier des expressions à ne pas manquer : ça commence par « tu es mon ami » ou bien « tu es mon frère ». Après cette approche, comme on fuit toujours, on entend « c’est juste pour le plaisir des yeux » ou « si tu n’achète pas, tu resteras mon ami ». Toujours réticents, on nous lance « c’est tombé du camion, ben oui, nous aussi on a des camions », « bon prix pour toi mon ami ». Ils méritent vraiment tous leur brevet de force de vente ou plutôt de « vente forcée ».
Au CVD, nous trouvons tout le confort nécessaire : navettes de bateau au ponton, douches, eau, atelier, internet... Nous retrouvons comme dans les marinas une micro-société de marins : on se croise à la voilerie, au bar, dans la navette. Et ça parle bateau par ci et ça parle bateau par là. Et quand on en a assez de parler bateau, on chante des chansons de marins.
Les plats servis sur place pour 500 Fcfa soit moins d’un euro nous pousse à céder au luxe de manger au restaurant tous les midis.

Au fil du temps, nous apprécions aussi la douce vie d’ici : manger des mangues, des papayes, être bercés par le chants des prières, admirer les milans, les pélicans, les pirogues, les femmes en boubous, profiter de l’animation omniprésente au dehors et du calme à l’intérieur du bateau.


Le 4 avril, jour de la fête de l’indépendance, nos papiers sont en règle, le bateau est prêt, nous remontons l’ancre pour aller à Djifer à l’entrée du fleuve Saloum. Il nous reste deux mois pour découvrir les fleuves Saloum et Casamance, ensuite, nous devrons quitter le Sénégal pour revenir en Europe.