13 mars 2008

Les Sotavento (îles sous le vent)

De Tarrafal à Tarrafal
Départ l’après-midi de l’île de Sao Nicolao pour une petite navigation de 80 miles : nous quittons la ville de Tarrafal pour celle du même nom sur l’île de Santiago, au sud.
Tarrafal signifie Terre Finale, c’est un peu comme notre Finistère à nous. Il en existe au moins 3 au Cap Vert.
C’est pendant cette navigation de nuit au vent de travers que nous découvrons un nouveau bruit sur Christal, « la cloison qui chante ». En effet, la cloison qui sépare le carré de la soute avant, la seule cloison du bateau, s’est désolidarisée en son milieu et elle oscille en suivant le roulis du bateau.
Au petit matin, nous entrons dans la baie de Tarrafal, il y a trois voiliers au mouillage. Au deuxième essai, nos deux ancres sur nos 30 mètres de chaîne, sont bien posées sur le sable à 8 mètres de profondeur. Il faut dire qu’avec le vent qui souffle ici, nous avons augmenté la taille de notre mouillage, tout est là.
Enfin arrivés, surgit la deuxième mauvaise surprise : le pont est fendillé sur l’insert de la cadène avant. Cette fois-ci, nous devons entreprendre de sérieuses réparations, Yves est formel, nous ne pouvons pas naviguer ainsi, c’est donc ici que nous ferons les travaux.



Chantier-mouillage
Heureusement, nous tombons sur une nouvelle bonne étoile, Vivien, un lutin de Pagure, un voilier de 14 mètres en CP époxy. Il est justement du métier et nous propose non seulement son aide, mais aussi ses outils magiques : groupe électrogène, disqueuse, défonceuse... Son diagnostique, c’est une faiblesse du pont due à une infiltration d’eau autour des réparations de l’hiver dernier. Il faut tout enlever sous 3 des cadènes et consolider la zone.
Il nous manque juste de la résine époxy, et après de nombreuses pérégrinations, nous devons nous rendre à l’évidence : pas d’époxy sur cette île ! Ceci nous oblige à prendre la difficile décision d’ouvrir des trous plus larges pour supprimer l’époxy existant et pouvoir utiliser de la résine polyester.
Cinq jours de chantier au rythme du groupe électrogène, de la disqueuse et aux odeurs de résine. Le chantier-mouillage c’est fantastique, on termine souvent la journée par une partie de chasse-plongée et un savoureux repas de poisson !



Les escapades



Le chantier se termine et Vivien part pour Dakar. Quelques jours plus tard, nous sommes le dernier voilier au mouillage. De notre côté, il est encore trop tôt pour naviguer (la résine doit sécher 15 jours) et nous en profitons pour nous dégourdir les jambes. Après deux balades sur Santiago, nous nous rendons sur l’île de Fogo.







Pour commencer il nous faut prendre un aluguer pour Praia. C’est un mini-bus de 15 places qui n’a pas d’horaires et qui part quand il est rempli. Nous traversons l’île du nord au sud en franchissant deux massifs montagneux et escarpés sur une route pavée.
Praia, la ville la plus africaine du Cap Vert, avec ses marchés et sa saleté, son animation et son charme de ville coloniale, que nous avons le temps d’apprécier, car le ferry ne partira qu’à minuit et non à midi comme Julie l’avait compris au téléphone, pas facile de se comprendre en créole anglo-français !
Nous en profitons pour courir d’un bureau à l’autre pour les démarches douanières car nous quittons bientôt le Cap Vert.


La nuit dans le ferry et nous voici à Sao Filipe sur l’île de Fogo. Un autre aluguer pour Cha das Caldeiras et nous voilà à la pension la plus renommée du Cap Vert, tenue par Patrick, un français bien sympathique.





Le lendemain, nous nous levons à l’aube, nous ne sommes pas là pour rigoler, mais pour gravir le plus haut sommet du Cap Vert, le Pico de Fogo qui culmine à 2829 mètres. La plus récente coulée de lave date de 1995. Tout est noir, nous avançons sur une arête, et doublons la cordée allemande et ensuite la cordée espagnole, toutes deux accompagnées par un guide capverdien.



Evidemment, nous n’avons pas pris de guide, nous sommes déjà équipés ce qui ne nous empêche pas de perdre le chemin à deux reprises. Au sommet, rapide coup d’œil au cratère, profond de 300 mètres, pique-nique et nous nous lançons à grande vitesse dans une descente terrible, dans les scories volcaniques dans lesquelles on enfonce jusqu’aux mollets et qui nous rappelle la neige. Cette pente a déjà été skiée et surfée.









Une petite sieste l’après-midi et à l’heure de l’apéro, nous goûtons le fromage et le vin local, chez Ramiro, le café du village qui n’a pas l’électricité et qui propose chaque soir un petit concert.
Le lendemain, nouvelle promenade en forêt cette fois, avec 1400 mètres de descente, en compagnie d’un couple de septuagénaires très dynamiques qui nous font profiter de leur taxi pour rentrer à Sao Filipe. Nous sommes tous bien fatigués et lyophilisés à l’arrivée.
Le retour se fait en avion car les ferrys ne naviguent pas tous les jours. Nous avons hâte de retrouver le bateau qui est resté cinq jours seul, néanmoins surveillé par Tessa, une amie française qui habite face à la baie. Tout est là, rien n’a bougé et nous nous préparons à partir à Dakar.


3 mars 2008

Les îles barlavento* du Cap Vert

Grandes randonnées pédestres sur Santo Antao :
Finie la fête, nous repartons en exploration touristique en bons européens avides de découvertes. Nous plaçons le bateau sous surveillance à Mindelo (Sao Vicente) : un couple d’amis et voisins de mouillage, Pierre et Tove sur Pjuske se voient remettre ce que nous avons de plus précieux, l’ordinateur, le GPS, l’accordéon et les clés du bateau. Nous embarquons sur le ferry autojet qui nous mène à Porto Novo sur l’île de Santo Antao en une heure.


Un aluguer (bus collectif) nous dépose non loin du cratère de Cova à 1200 m, et nous suivons la vallée jusqu’à Paùl au bord de la mer.




Magnifique, cette vallée de Paùl où le ruisseau alimente en eau les cultures à tous les étages : canne à sucre, maïs, goyave, orange, café, igname. Tout pousse ici et on interdit aux chèvres de déambuler librement car elles mangeraient tout. Les ânes transportent des bidons d’eau sur les chemins escarpés. Partout on grignote de la canne à sucre quand on ne la transporte pas jusqu’à la trapiche pour extraire son jus qui donnera le rhum après fermentation et distillation.


Cette île suscite notre étonnement car nous n’avons visité au Cap Vert que des îles arides (Sal et Sao Vicente).







Le lendemain, le réveil est bien douloureux pour nos jambes courbaturées, mais nous reprenons malgré tout la marche tant les paysages sont splendides. De Ponta do Sol à Cruzinha de Garça, nous suivons le sentier pédestre et pavé de bord de mer qui relie quelques villages coupés du monde, perchés sur d’immenses falaises dominant la mer.
Le troisième jour, cette fois, nos jambes sont trop fatiguées, et c’est en bus que nous retraversons l’île afin de gagner le port. Partout, des vallées abruptes, des maisons perchées, des routes pavées et des cultures variées. On aimerait bien rester et continuer de découvrir cette île incroyable, mais il nous faut retrouver Christal. D’autre part, nous manquions définitivement d’entraînement pour randonner, étonnant, non ?





Le retour à Mindelo se fera sur le Ribeira de Paùl, bateau d’origine hollandaise et conçu pour la navigation fluviale, rouleur, mais nettement plus typique. Nous emportons avec nous fromage de chèvre, pommes et confiture de Papaye pour améliorer l’ordinaire des richesses de cette île agricole.







Nous arrivons à Mindelo juste à temps pour voir le départ de Talabao pour la transatlantique en direction du Brésil.

Nous récupérons notre pilote automatique en état de marche : une courroie s’était cassée, et sans la courroie de rechange de Patrick sur Velouma, nous aurions dû attendre encore quelques semaines à Mindelo pour recevoir la pièce d’Europe. Merci à notre bonne étoile !

Mouillages rouleurs
Nous quittons Mindelo pour le mouillage de San Pedro au sud de Sao Vicente. Petite navigation sous la pluie, une vraie pluie qui rince le bateau. Sous le vent de l’île, pas de vent et nous avançons au moteur. C’est le premier mouillage rouleur, et ça ne sera pas le dernier...

Le lendemain, au près, nous gagnons Santa Luzia, île déserte avec ce soir là, quatre bateau au mouillage. Nous retrouvons les amis de la route des Mouettes en route pour Sao Vicente. Là encore, la nuit sera douce, bercés par la houle.
Finalement le troisième jour, c’est encore au près que nous nous dirigeons vers Tarrafal de San Nicolao avec un fort vent au départ, qui se crée par accélération entre les îles. Les pêcheurs nous accueillent en nous montrant leurs belles prise, pour nous, cette fois, rien au bout de la ligne de traîne.
Nos jambes sont maintenant reposées et nous reprenons la randonnée pour gravir le Monte Gordo, point culminant de Sao Nicolao, à 1312 m. Du sommet, nous voyons Tarrafal et nous devinons le bateau. Au retour, nous remouillons le bateau à l’intérieur du port, car la houle rend la vie à bord inconfortable.


Au prochain épisode, nous quitterons Tarrafal pour Tarrafal...